Habermas est considéré comme l'un des derniers théoriciens de la modernité. Il dégage l'une des évolutions du système social actuel, qu'il qualifie de néocapitaliste: l'écart social croissant qui se creuse entre les sous-systèmes d'adaptation (économie) et de poursuite des buts communs (gouvernement) d'une part et ceux de maintien des valeurs (communauté) et d'intégration (famille) d'autre part. Dans les deux premiers systèmes, la participation se fait sur la base d'une promotion de l'intérêt propre de l'individu en manipulant les autres au besoin, tandis que les deux derniers systèmes sont basés sur la recherche de l'intérêt commun. Les premiers systèmes appartiennent à la sphère publique tandis que les deux derniers relèvent de la sphère privée. Cependant ils sont interdépendants dans la mesure où ils ont le monopole de la production d'argent (économie), de pouvoir (le gouvernement), d'influence (la communauté) et d'attachement à des valeurs (la famille).
La société ne peut se maintenir sans ces quatre média d'échange: Par exemple, l'économie a besoin de l'état pour défendre la propriété privée et faire respecter les contrats, de la communauté pour influencer les habitudes de consommation, de la sphère privée pour motiver le travail des employés. En retour, elle produit de l'argent pour ces derniers.
On retrouve toutefois la problématique weberienne dans l'analyse que fait Habermas du changement: Les poids relatifs de l'argent et du pouvoir augmentent au fur et a mesure que la sphère privée est colonisée par l'administration de l'État et par le commerce.